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Maximiser les revenus d'une érablièreJuin 2002

POUR MAXIMISER LES REVENUS D’UNE ÉRABLIÈRE, QUE FAUT-IL PRIVILÉGIER, LE VOLUME OU LA QUALITÉ???

 

 

Il peut sembler hors saison d’écrire sur les érablières en juillet mais la question est sans doute pertinente pour les propriétaires qui en ont acheté une au moment où les prix de vente atteignaient leur sommet et qui n’ont obtenu que des récoltes plutôt moyennes ces deux dernières années.

 

Pour répondre à cette question, nous prendrons le cas d’une érablière de 20 000 entailles sur tubulures. La première simulation présentera quatre augmentations successives du volume produit tandis que dans la deuxième, il s’agira d’un volume constant mais avec une meilleure qualité de produit fini. Enfin, nous regarderons l’effet combiné des deux scénarios.

 

 

Augmentation de la production par tranche de 5 %

Nous débutons nos simulations avec une production moyenne de 2,0 livres de sirop par entaille. En augmentant de 5 % la production dans chacune des simulations subséquentes, nous obtenons, au scénario 4 (tableau 1), un revenu net supérieur au premier de l’ordre de 48,6 % et ceci pour une augmentation totale de production de 20 % seulement. Les revenus s’accroissent également de 15,4 % avec une augmentation du volume produit de 5 %.  La différence entre les accroissements de volumes et de revenus s’explique par le fait que plus la production est grande, plus il y a de volume pour amortir les frais fixes. Bien entendu, les frais variables de main-d’œuvre, d’électricité, d’huile à chauffage ainsi que le prélevé de l’Agence de vente des producteurs acéricoles se sont accrus proportionnellement avec la production.

   

Tableau 1

Augmentation de la production par entaille

Scénarios

1

2

3

4

Prod. Par entaille

2,0

2,1

2,205

2,315

Revenus bruts

79 232 $

83 194

87 353

91 711

Revenus nets

20 982 $

24 216 $

27 612 $

31 169 $

% d’augmentation

-

15,4 %

31,6 %

48,6 %

 

 

Amélioration des rendements qualité

En améliorant son rendement en qualité AA, A et B, le producteur acéricole améliore ses revenus puisque pour chacune des livres de sirop produites dans les catégories supérieures, le prix payé est également supérieur. Son prix de vente pondéré devient donc meilleur.

 

Dans cette simulation, nous conservons un volume produit de 2,0 livres par entailles mais c’est le prix vendu qui augmente de 5 % d’un scénario à l’autre en partant de 1,98 $/lb (Moyenne pondérée provinciale). Le tableau 2 nous montre la progression des revenus ainsi obtenus.

 

Tableau 2

Augmentation des rendements qualités (prix pondéré)

Scénario

1

2

3

4

Prix pondéré

1,98 $

2,08 $

2,183 $

2,292 $

Revenus bruts

79 232 $

83 200 $

87 320 $

91 680 $

Revenus Net

20 982 $

24 950 $

29 070 $

33 430 $

% d’augmentation

-

18,9 %

38,5 %

59,3 %

 

 

L’augmentation de revenu après avoir bonifié la qualité du produit de l’ordre de 20 % se situe donc à 59,3 %. Même une simple augmentation de 5 % du classement qualité génère une augmentation des revenus de l’ordre de 18,9 %, ce qui est très intéressant. Un prix pondéré de 2,18 $ la livre (amélioration de 38,5 %) semble tout de même une cible atteignable puisque de tels rendements nous ont été déclarés par des producteurs.

 

Les résultats sont donc meilleurs ici que lorsque l’on se concentre seulement sur l’augmentation de la production qui est souvent plus le fait de mère Nature que de l’action du producteur. L’explication de ces résultats est fort simple. Pour chaque livre de sirop produite, les coûts sont à peu près les mêmes mais le prix vendant, lui, est supérieur. Il en résulte donc une meilleure rentabilité et de ce fait, une plus grande valeur de l’entreprise acéricole elle-même.

 

 

Augmentation de la production et amélioration du rendement qualité

Dans cette troisième simulation, nous illustrons l’effet combiné des deux premiers scénarios en posant l’hypothèse que l’exploitant s’emploiera à améliorer la qualité de son produit ainsi que la quantité produite. Il réalisera ces améliorations en travaillant constamment sur ses installations et ses équipements de façon à optimiser son système de récolte et de préserver un maximum de salubrité des équipements. L’effort sera donc concentré sur le nettoyage régulier de la tubulure, des réservoirs et autres équipements entrant en contact avec la sève ou encore avec le produit fini (sirop). Un travail préalable à la saison de production aura été également consenti pour optimiser le déploiement de la tubulure afin d’assurer un plein rendement du système de collection. Le tableau 3 montre les revenus potentiels attachés à ces efforts.

 

Tableau 3

Effet de l’augmentation de la production et amélioration de la qualité

Scénario

1

2

3

4

Prod. par entaille

2,0

2,1

2,205

2,315

Prix pondéré

1,98 $

2,08 $

2,183 $

2,292 $

Revenus bruts

79 232 $

87 360 $

96 270 $

106 120 $

Revenus Net

20 982 $

28 308 $

36 368 $

45 317 $

% d’augmentation

-

34,9 %

73,3 %

116,0 %

 

S’il peut sembler utopique d’obtenir un gain de 20 % tant sur le volume que sur la qualité produite afin d’obtenir un revenu net 116 % plus élevé qu’à l’origine, on peut tout de même considérer une augmentation globale de 5 %. Celle-ci générera une augmentation intéressante du revenu net de l’ordre de 35 %. Ce revenu hypothétique a été obtenu en considérant une augmentation successive du coût de main-d’œuvre de 10 % à chacun des scénarios afin de refléter l’effort supplémentaire consenti dans l’optimisation du système de production. Les autres frais variables ont quant à eux subi une augmentation proportionnelle aux quantités produites.

 

 

Conclusion

Cet exemple théorique simple démontre qu’il est normalement plus rentable de produire moins longtemps dans la saison afin d’éviter la production de sirop de moindre qualité et de produire mieux[1] en qualité et en quantité par l’amélioration de la méthode de collecte et une meilleure gestion du système de collecte. Comme avantage supplémentaire, ajoutons que les produits de haute qualité se vendent mieux. De plus, avec la nouvelle Agence, le producteur obtiendra des avances de fonds supérieures s’il dispose d’une bonne fiche qualité. Il sera aussi payé plus rapidement, ce qui facilitera ses opérations ainsi que les relations avec son banquier.

 

Marco Fournier, ing.f., É.A., M.Sc.

Rédigé en juin 2002

 

 



[1] Pour concrétiser ces calculs théoriques, le producteur intéressé aura avantage à participer aux «JOURNÉES D’INFORMATION EN ACÉRICULTURE» Région de la Chaudière-Appalaches qui se tiennent annuellement vers la fin janvier. Le présent article a d’ailleurs été inspiré par la lecture du résumé de la présentation faite par M. Gaétan Lauzier, tech. Agr. et ses collaborateurs tiré du cahier des conférences données les 18-23-29-30 janvier 2002.

 

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